Les monstres – Collectif

Ce livre est un recueil de nouvelles, un petit traité sur les êtres méchants, et surtout pas ceux que nous pensions l’être.

Les nouvelles se succèdent avec pour toute une chute qui normalement nous surprend. J’avoue que par exemple, la première je m’y attendais, alors que d’autres sont très surprenantes. Elles sont censées nous révéler ce qu’il y a de mauvais et nous faire réfléchir sur les apparences car l’habit ne fait pas le moine.

Elles sont donc toutes d’un niveau assez inégal. Mais le style en général est soigné. Les nouvelles sont travaillées, ce qui déjà nous permet de les lire avec plaisir.

Le livre est petit et se transporte facilement pour le lire même debout dans les transports en commun, mais c’est trop court. Malgré tout, on a envie de continuer, de découvrir qui se cache derrière chaque grand-mère gentille, derrière ce bon curé ou encore cette maman aimante. Mais c’est dérangeant, à chaque fois.

Je remercie Babelio et Shortédition pour ce partenariat.

Quatrième de couverture Petit traité des êtres vils, maléfiques… et méchants aussi
Vous pensiez-que les monstres n’existaient pas ? Détrompez-vous, ils prennent des formes toutes plus étonnantes qu’effrayantes ! Cette étude complète et exhaustive des monstruosités vous apprendra à vous méfier des apparences : les monstres ne sont pas toujours les plus difformes ! Parmi les engeances infâmes qui peuplent ces histoires courtes, bien des Hommes vous feront comprendre que les monstres sont déjà autour de nous.

Si vous êtes prêt à accueillir ce savoir n’hésitez plus, et partez à la découverte du Mal…

Je te donne – Collectif

Ce livre est un recueil de quatre nouvelles dédiées au don du sang. Ecrites par des ténors des best-sellers, ces nouvelles se veulent pour les trois premières convaincantes, afin de pousser les récalcitrants au don à aller donner. Et en toute honnêteté, des nouvelles mielleuses, au petit goût acidulé de bonbon, des nouvelles pleine de chantilly, saupoudrées de sucre rose. Vous l’aurez compris, c’est gnan-gnan. Et pas convaincant pour un sou. Dommage, l’intention est vraiment bonne. Mais la dernière nouvelle est différente, joue sur le registre de l’humour et même si l’auteur n’a eu que quelques pages pour s’exprimer, c’est intéressant. Il manque un peu de travail, ça sent l’écriture sur le coin d’une table de brasserie avec le stylo dans un main, et le rouge dans l’autre, mais l’idée est là.
Un ensemble d’un niveau exécrable, décevant.
Quatrième de couverture «Ils auraient donné leur propre vie pour sauver celle de leur fils, mais personne n’en voulait parce que ce n’est pas comme ça que ça marche.»

« Le don de sang ne va pas de soi. Parler souvent de ce sujet, avec enthousiasme et bienveillance : voilà l’objectif de ce recueil. Des histoires courtes, des histoires de partage, de lumière, d’espoir. Puissent-elles susciter l’envie de parler à votre tour du don de sang. Puissent-elles être le déclic pour devenir vous-même donneur régulier. »
Comment le décès d’une jeune Américaine, Rebecca, entraîne un incroyable mouvement de solidarité. Comment la rencontre entre Gaëlle et Julien, autour d’un café, ne se déroule pas de la façon attendue. Comment Rachel, soixante-dix ans, transmet un peu de son histoire à sa petite-nièce. Comment les « liens du sang » dont parle Dimitri dans sa verve adolescente ne sont pas ceux qu’on imagine…

Vers le pays rouge – Justine Niogret

Ce recueil de nouvelles propose une vingtaine de nouvelles. La première partie a déjà fait l’objet d’une édition en 2008. Les nouvelles sont toutes de la même auteure. Mais la lecture est différente pour chacune. Elle se prête au jeu de différents styles, des différentes époques, mais garde en tête toujours la symbolique. Quelques unes manquent un peu de maturité ou de travail alors que certaines autres sont très bonnes. Pour ma part, j’ai apprécié la deuxième partie dans laquelle nous retrouvons des nouvelles plus abouties. L’inspiration est bien sûr fantastique. On ressent indéniablement certains auteurs américains, mais surtout c’est la nature qui inspire le plus, la terre, la nature, irrémédiablement la puissance lente et inexorable de la nature sur l’homme. Mais je reconnais avoir pris du plaisir sur la nouvelle la moins sérieuse du livre et qui a pour lieu une auberge, l’écriture était juste et l’humour parfait. Dans l’ensemble, les nouvelles sont intéressantes. J’ai accroché sur la deuxième partie, qui est beaucoup plus aboutie, mais les idées de la première partie sont bonnes, très bonnes parfois. Un recueil de nouvelles fantastiques d’une auteure qu’il faut suivre. Je remercie Rivière Blanche pour cette découverte.

A 90 degrés – Frédérique Keddari-Devisme

Je découvre grâce à Riveneuve une collection originale par ce livre regroupant une nouvelle traitant de l’alcoolisme et d’une pièce de théâtre sur le cancer. Les thèmes sont des sujets difficiles, durs. Dans le premier récit, une nouvelle, Marthe est dépressive et a une addiction, l’alcool. On ressent au fil du temps, de sa rencontre avec Christophe jusqu’à quelques années plus tard, les ravages que provoque cette maladie, l’addiction. L’amour qui se délite, s’effrite face à la maladie qu’elle n’arrive pas à combattre.
La deuxième partie est une pièce de théâtre avec quatre personnages, deux couples. Dans le premier couple, la femme fait face au cancer, se voit mourir, dans le deuxième couple, c’est la femme, médecin, qui soigne la première. Une nouvelle fois, le thème est dur, et la vie malgré tout montre des facettes parfois inavouables, mais trop naturelles.
Les récits sont écrits avec une grande légèreté, se lisent avec beaucoup de plaisir, et les sujets abordés n’en sont que plus douloureux, tellement le style est touchant, mettant avec beaucoup de justesse les mots qu’il faut sur la douleur. Loin des romans habituels ces deux histoires vous retrancheront dans la réalité pure et dure de la vie, la maladie, la mort, mais la vie après tout. Très belle découverte et je remercie Riveneuve.

19Quatrième de couverture On a tous autour de nous une personne qui a basculé, parfois dans l’alcool comme Marthe dans À 90 degrés. La dépression de l’âme est infinie. Marthe est un de ces êtres emportés, trop fragiles, que la vie brise. Sa maladie est un arbre aux mille racines et aux mille cimes. Un arbre fleuri de mystère.
Deux couples se croisent dans À l’infini du baiser : Marie et Marco qui s’aiment mais dont le quotidien a noyé leur désir ; Janet et Malek qui apprennent que Janet est atteinte d’un cancer. C’est dans cette rencontre, la lutte contre la maladie, les rechutes, les espoirs que naît un désir vital entre Malek et Marie, lui pour survivre au déclin de sa femme, elle pour se sentir vivante. Et dans cette histoire surgit la pulsion, celle qui permet l’espoir, celle qui garde en vie.

Marseille Noir – Cédric Fabre

marseillenoirLa collection Asphalte Noir revient en France et, après Paris, explore Marseille, de l’Estaque au Vieux-Port, de la Joliette à la Plaine, de la Belle-de-Mai au Stade Vélodrome, en passant par le Panier ou les îles du Frioul… Marseille dans toute sa diversité, toutes ses communautés, toutes ses contradictions. Des nouvelles noires inédites, écrites spécialement pour ce recueil, par des auteurs marseillais de naissance ou d’adoption, oeuvrant aussi bien dans le polar que la littérature générale. Avec des textes de Christian Garcin, Pia Petersen, René Fregni, Emmanuel Loi, Philippe Carrese, François Beaune, Rebecca Ligheri, Minna Sif, Marie Neuser, Serge Scotto, Salim Hatubou, François Thomazeau, Patrick Coulomb, Cédric Fabre.

Ce recueil de nouvelles a pour thème commun la ville de Marseille, la grande Marseille, la médiatisée, la belle, la méchante et la moche, en somme, Marseille. Ces différentes nouvelles sont réunies par Cédric Fabre et les auteurs viennent d’horizons assez différents. Certains sont nés à Marseille et la connaissent, l’ont dans l’âme et dans l’esprit, les autres y vivent et l’ont dans le coeur. Marseille, on l’aime ou on ne l’aime pas, mais elle ne laisse pas indifférent. C’est difficile aussi de dire qu’on ne l’aime pas, car ses quartiers sont différents mais la vue sur la mer est toujours la même, le mistral y souffle toujours aussi fort et froid.

Dans ces nouvelles, on y retrouve bien sûr les clichés, la pègre, le banditisme, mais aussi la loyauté donnée pour la vie, l’amour pour un ami jusqu’à la mort, c’est des sentiments puissants et forts. On découvre le père qui raconte à son fils ce qu’est le Vélodrome, mais aussi la femme bafouée et passionnée. C’est aussi celui qui se venge quelques décennies plus tard, et l’amour d’une vie emportée par la drogue.

Ces nouvelles c’est les différentes facettes de Marseille, les gens sont comme la ville, fiers, grandes gueules, sanguins, mais au fond, ce sont de grands enfants qui s’amusent dans un carphanaum continu.

Les auteurs se succèdent avec leur style. Quatorze nouvelles, quatorze histoires, quatorze styles. Certains sont incisifs, d’autres sont posés, mais on y trouve à chaque fois un peu de cette folie que le mistral souffle sur la ville. Quatorze vies rocambolesques qui vous tiendront en haleine et vous feront découvrir une ville sous un autre angle.

Que l’on aime ou non Marseille, ce recueil aura le mérite de vous la faire vivre différemment.

Je remercie Libfly et Asphalte pour ce partenariat.

babelio

C2H402 – Condie Raïs

c2h402Une sociopathe qui tue tous ceux qu’elle touche, un frappadingue qui veut réussir dans le roman sentimental, une stagiaire subissant un harcèlement d’un nouveau genre, une dingue qui pense que John Wayne est toujours vivant, une petite fille inquiétante, un gigolo qui picole comme un trou, une femme humiliée et des philosophes néo-kantiens qui s’étripent… Tels sont les personnages de ces huit nouvelles dans lesquelles on oublie souvent que boire et fumer nuisent dangereusement à la santé.

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier l’auteur Condie Raïs et Livraddict pour ce partenariat.

C2H402 est un recueil de nouvelles dont le personnage central, mais non principal, est Condie Raïs. Avec beaucoup d’auto dérision, l’auteur s’affuble d’un défaut, celui il paraît que tous les bons écrivains ont, et qui restent dans l’ombre – les écrivains par leur défaut – et dont le talent se révèle uniquement post-mortem, vous l’aurez deviné, ne serait-ce qu’en regardant la couverture, c’est l’alcoolisme. Donc, Condie Rais est le personnage central de ces différentes nouvelles qui se suivent. Elle participe au succès d’un écrivain de roman à l’eau-de-rose en lui écrivant la trame de ses romans, puis lorsque le succès arrive et qu’il déménage, il est remplacé par une jeune femme. Elle perd son stage grâce à Condie Raïs qui ne supporte pas qu’elle se fasse marcher sur les pieds par un supérieur envahissant, bouffi de bonnes intentions, bête comme ses pieds. Ce recueil s’égrène au fil des nouvelles avec comme toile de fond une alcoolique amoureuse de siamois irascibles, et comme couverture les défauts d’une société superficielle. Certaines nouvelles sont décalées par rapport à la trame principale mais restent dans le ton voulu et particulièrement les trois dernières qui sont réellement criantes de vérité quant aux relations sociales.

Une écriture aisée qui met en valeur le récit, fluide et entraînante, nous permettant de nous imprégner de chaque nouvelle avec beaucoup d’intérêt. Des textes à l’humour acide, piquant, acéré, caché sous une couche de dérision, de constat des travers de tous. Des nouvelles différentes, contemporaines. Un vrai plaisir de découvrir cette auteure. Un autre atout avant de finir, c’est le professionnalisme concernant la mise en page, pas de faute, ni de coquille, une syntaxe impeccable. En un mot, ou plutôt deux, ou peut-être trois… A découvrir absolument.

Je remercie  Livraddict et Condie Raïs pour ce partenariat.

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Le maître des fils – Stéphane Gravier

maitredesfilsEt si l’amour entre une mère et son fils pouvait devenir monstrueux ?
Et si notre société en faisait une arme contre elle-même, que resterait-il ?
Stéphane Gravier joue ici admirablement sur l’homographie du mot « fils » pour tisser une nouvelle effrayante.
On retrouve dans cette œuvre le style bien particulier de l’auteur du roman « Le secret de l’eau », avec ses images et ses métaphores poétiques et jamais gratuites, mais il a su condenser son récit, lui donner plus de nervosité pour nous tenir en haleine.
On ne sort pas indemne de cette lecture !

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Stéphane Gravier, l’auteur, pour ce partenariat.
Le maître des fils est un court roman, ou une nouvelle, dont le personnage principal est un petit garçon de dix ans qui vit seul avec sa mère dans un studio. Enfant solitaire, il vit un amour presque fusionnel avec sa maman. Vivant presque en reclus dans leur petit appartement, sa mère le quitte tous les soirs pour rentrer au matin.
Stéphane Gravier, dont l’écriture m’avait impressionné dans Bloody Valéria, propose un récit au texte acéré, à l’histoire trempé dans l’acide. Dans la tête de petit garçon, nous découvrons les horreurs d’une vie qui sous des joies artificielles, est à vomir. Ce petit garçon qui découvre en grandissant une mère malheureuse et subit les tortures des voisins, met au point un plan pour se venger et rendre à sa mère un semblant de bien-être. Mais le vernis est trop fin, et il découvre rapidement que la peine qu’elle s’inflige chaque nuit pour subvenir à son bébé est irrémédiable, même si tous les efforts sont mis en oeuvre.
Avec une grande justesse, l’auteur façonne son histoire pour nous donner miettes par miettes un gâteau rance et moisi, celui de la vie d’un petit garçon triste dont la mère est une… vous l’aurez compris, et le devinerez bien assez vite si vous le lisez… prostituée. Égrenant une histoire en traitant un thème par chapitre, nous découvrons tous les pans de cette vie qui vole en éclat avec la prise de conscience… Dix ans, c’est un âge important, un âge de transition.
L’atout de cette nouvelle réside dans une écriture froide, mais suffisamment vivante, glaciale et enfantine. Le travail sur la psychologie des personnages est intéressant et laisse penser que l’auteur connaît son sujet particulièrement bien.
Cette nouvelle est d’une grande qualité et je tiens à préciser que l’édition est impeccable, aucune faute ni erreur de syntaxe.
Enfin, je remercie Stéphane Gravier pour la découverte de sa dernière création.

Le gyrovague et autres récits – Marc Gautron

le-gyrovagueNos discours se déploient comme de longues étoffes agitées par le vent et se joignent pour former un dôme au-dessus de nos têtes. Ces voiles nous protègent de l’éclat du soleil et du regard de Dieu. S’il est bon que Dieu nous tienne sous sa garde, il n’est pas mauvais non plus que nous sachions nous réfugier un peu à l’écart de sa toute puissance. Il est bon d’habiter ainsi – n’est-ce pas ? – une intimité familière. Comme des enfants qui s’amusent dans un coin du domaine, hors de la vue du maître de maison, soustraits momentanément à son attention, à son autorité, mais certains de n’être pas oubliés lorsqu’on s’approchera du feu pour la nuit. Certains de trouver leur place désignée et de prendre part au banquet. Car ils sont les héritiers des promesses tenues et destinés à en témoigner devant les hommes du lointain.

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier les Éditions Kyklos pour ce partenariat.

Le gyrovague et autres récits est un recueil de nouvelles. Ces différentes nouvelles n’ont pas de lien entre elles que ce soit au niveau des personnages, de l’époque ou de l’histoire. Ces récits sont d’un niveau assez différent. La plupart de ces récits nous paraît être sans fin. Les nouvelles semblent donc ne pas être finie. C’est assez déroutant et un sentiment de bâclé apparaît. Mais si vous vous contentez seulement de les lire simplement, c’est certain que vous ne verrez pas ce que l’auteur aura voulu faire passez comme message. Entre les lignes, entre les mots, sans être franc, il pousse le lecteur à s’interroger sur la philosophie des personnages. Les fins disparaissent pour vous en inventer une, se poser les questions, les bonnes ou les mauvaises.

Personnellement, j’ai trouvé qu’il laissait le lecteur se débrouiller trop tout seul. Ayant l’esprit de contradiction, j’aurais souhaité un avis plus franc, une idée bien exposée, pour m’y accorder ou m’y opposer plus certainement. C’est ce manque de prise de position qui est perturbant. Il aura laissé le lecteur seul, perdu.

De ces nouvelles, il y en a une qui sort du lot, l’avant-dernière, Le gyrovague. Plus longue, nous nous imprégnons mieux du personnage et de ses aspirations, nous permettant une réflexion plus approfondie. La dernière relate la situation du lecteur, la sensation qu’il pourra se faire de ce recueil. On vous présente un bout de vérité et on vous interdit d’y accéder complètement. A vous d’imaginer la suite.

L’écriture est soignée, sans lourdeur, facile. Des nouvelles sont intéressantes, d’autres moins, peut-être n’ai-je pas trouvé le fil philosophique du récit. Je finis donc ces récits avec un sentiment mitigé. Ai-je bien tout compris, suis-je passé à côté de quelque chose, pourquoi n’ait-il pas allé au bout de l’histoire, quel dénouement accorder. Autant de questions, peut-être plus, que vous vous poserez en les lisant. Au moins, ce recueil aura le mérite de se poser en vecteur de réflexion. A vous d’y réfléchir.

Je remercie les Editions Kyklos pour ce partenariat.

Kyblos

Des nouvelles du Celsa – Collectif

des-nouvelles-du-celsa-220Une Grande École accompagne la publication des nouvelles écrites par ses talents littéraires !

7 étudiantes du CELSA, âgées de 20 ans, revisitent le genre de la nouvelle et posent leur regard sur une société où tout est communication.

De l’amitié entre un lapin et son SDF à une potée au chou familiale, d’une téléréalité créole à une mère ne s’exprimant que par post-it, de la parole exilée au deuil apprivoisé…

Autant d’univers et de styles mis en recueil par les éditions Kyklos.

Quand des étudiants accèdent au rêve de l’édition

Historiquement Centre d’Etudes Littéraires et Scientifiques Appliquées de la Sorbonne, le CELSA célèbre ici ses origines.

Devenue fleuron de la communication au sein de la confédération des Grandes Écoles, le CELSA organise, depuis 2007, un concours annuel d’écriture de nouvelles auquel participent plus de 120 étudiants.

Chaque année, les 3 meilleures productions littéraires sont récompensées par un jury parrainé par Jean Bernard Pouy, réunissant auteurs, universitaires, éditeurs, libraires et journalistes.

Des nouvelles du Celsa rassemblent les écrits les plus savoureux de ces 4 dernières années.

Dans le cadre d’une opération menée en partenariat avec Kyklos, le commentaire doit se faire sous la forme d’un article de journal. Vous trouverez donc deux commentaires dans ce billet : un article de journal ainsi qu’un commentaire classique.

Hier soir, après plusieurs heures de délibérations d’un procès sans fin, les jurés au nombre d’un unique lecteur ont rendu leur verdict. Mais rappelons les faits avant de pouvoir juger les condamnées. Alors qu’au Celsa, toutes et tous tendent à vouloir améliorer notre quotidien en formant des futurs scribouillards, un individu seul ou en groupe a eu la brillante idée d’organiser une chasse au trésor. La chasse étant l’écriture, le trésor, vous l’aurez compris, la reconnaissance de ses pairs. Mais on s’en fout. Dans une frénésie incontrôlée, beaucoup, que des jeunes –mais ce n’est pas de notre faute si les vieux sont (et sentent) mauvais-, se mirent à rendre des copies, illisibles pour la plupart fort heureusement. Quelques-unes, tout de même, sortirent du lot, et pas parce qu’elles sont les plus belles, faut pas croire les ragots. Vous pourrez noter qu’à aucun moment nous n’aurons fait cas de la misogynie perpétrée à l’encontre du sexe fort, mais vous l’aurez remarqué seules des jeunes femmes d’un âge indécent auront réussi, comme par hasard, à sortir leur épingle du jeu. Pourquoi, comment ?

Malheureusement le procès n’aura pas éclairci ce point, mais à coup sûr, c’est une histoire de pistons.

Les auteurs des nouvelles ont du comparaître l’une derrière l’autre. Seule à la barre, elles faisaient moins les malignes, et c’est ainsi que furent détaillées chacune des histoires. L’avocat de la défense, et lecteur assidu, dans sa plaidoirie aura tenté d’amadouer la cour. Malgré ses arguments qui d’après les spécialistes furent suffisamment objectifs pour ne pas perturber le jugement de la cour. Ce lecteur passionné aura traité ces nouvelles tantôt de fantastiques, tantôt de comiques, et parfois, même, pleines d’émotions.

Le verdict est tombé et sera, nous l’espérons tous, respecté scrupuleusement. L’auteur de Pelure d’oignon devra acheter une laisse pour le lapin, la survie de l’humanité en dépend, trop d’hommes sont morts, alors que la deuxième créatrice devra envoyer Christophe en cure, à cause de Gustave. La troisième devra investir un cercle et cultiver le navet, ça lui fera les pieds, na ! La quatrième devra chanter comme une pie pour séduire alors que la sixième –oui, la cinquième se doit de vivre et d’aimer à nouveau-, sera condamné à écrire des choses plus gaies. La dernière devra arrêter de jouer sur son ordinateur.

Le juge, à la lecture de ce verdict, a voulu dire quelques mots. Dans ce tribunal un peu fantasque, le juge et juré ne font qu’une seule et même personne. La justice se doit d’être impartiale. Ces mots furent à l’encontre des prévenues dures et difficiles à entendre. Leur retranscription n’est rien comparée au ton employé, et au regard pesant du juge. Il a, dans ces termes, fait l’éloge de l’ouvrage incriminé : « saisissant, hilarant, poignant, truculent, passionnant, désolé je n’ai plus de rime en hihan ! ».

Cet ersatz de justice nous aura paru être une grande farce où seul le lecteur goguenard y aura trouvé son compte. En attendant, je vous invite à vous procurer un exemplaire de cet ouvrage, Les nouvelles du Celsa, et de, vous aussi, tenter sans grande difficulté de rire, de pleurer, ou de crier de plaisir. Nous tenons à remercier les Editions Kyklos et Partage Lecture sans qui ce reportage n’aurait pu être réalisé.

Avant de commencer ce partenariat, je remercie Partage Lecture et Kyklos pour cette lecture.

Des nouvelles du Celsa est un recueil de nouvelles des étudiantes du Celsa. Le principe est simple, chaque année le Celsa organise un concours et récompense les trois meilleures nouvelles. Quelques années plus tard, ils ont sélectionné sept nouvelles et en partenariat avec Kyklos les ont édité.

Sept nouvelles, sept auteurs différents, ou plutôt différentes, sept écritures, sept histoires. Ces récits sont d’une très grande qualité. Vous serez transportés dans des endroits différents à chacune de ces histoires, et vous parcourrez une panoplie de sentiments.

Pelure d’oignon raconte les péripéties d’un clochard pour retrouver son lapin qu’il a adopté. Salaud de Deacon, pauvre Bridget place l’action à la réunion dans les yeux d’un saint. Espoir et spire raconte l’enfoncement d’une famille de paysan dans leur terre, l’amour qu’ils ont pour elle en vieillissant et l’envie de s’enfuir qu’ils avaient jeunes. Les silences de Minh se déroule à Paris aux côtés d’un réfugié asiatique. L’éclipse conte la détresse d’une veuve. Pomme de Discorde nous raconte la vie d’un forain qui traverse les ans avec un fardeau sur la conscience. Enfin, Démon du jeu se déroule dans une famille où la femme ne communique plus que par post-it avec ses enfants.

Ces nouvelles vous feront sourire, rigoler parfois, ou réfléchir. Certaines sont touchantes et d’autres comiques. Dans tous les cas, elles sont écrites avec une grande fluidité, de la passion et surtout sans prétention. Chacune, différente, vous comblera de plaisir. Bien qu’elles soient toutes très originale, je dois avouer que pour moi, une des nouvelles sort indéniablement du lot et son auteur arrive avec des mots à nous raconter des sentiments impalpables, qui nous prennent aux tripes. Une nouvelle qui promet des romans de grande qualité pour cette toute jeune écrivain.

Je remercie Partage Lecture et Kyklos Editions pour ce partenariat.

partage

Job Stories – Bruno Hermanche

jobstoriesQu’arrive-t-il à une tueuse en série lorsqu’elle décide de devenir auto entrepreneur ?
Comment faire voyager des chômeurs dans le temps pour les aider à retrouver du travail ?
Est-il dangereux de tomber amoureux d’une inconnue dans un parc quand on vient de perdre son emploi ?
Quelles sont les limites à fixer à une stripteaseuse désirant faire du buzz sur Internet ?
A-t-on le droit de licencier un ange gardien pour maladresse ?
À toutes ces questions essentielles, trop souvent éludées, Job Stories apporte des réponses définitives.
Parce qu’une approche économique du monde du travail devient rapidement obsolète, ce livre vous propose un voyage décalé, au cours duquel les univers parallèles, la poésie, la vie et la mort vous donnent rendez- vous.
Que vous cherchiez ou non du travail, ces quatorze histoires ont été écrites pour jouer un rôle dans la vôtre.
À lire comme un remède à la morosité.

Avant de commencer cette critique, je tiens à remercier Les Agents Littéraires et les éditions l’offre pour ce partenariat. Je remercie aussi son auteur, Bruno Hermanche, pour avoir fait du livre que j’ai entre les mains un exemplaire unique en le dédicaçant.

Bruno Hermanche, comme expliqué dans son premier chapitre nommé Origine, a concocté dès 2009 des nouvelles concernant le monde du travail, sans être critique, ni s’abaisser à faire dans le mélodrame. Les genres se mélangent d’une nouvelle à l’autre, allant du retour vers un passé glorieux, à l’emploi des anges ou encore l’embauche d’un agent secret.

Vous y trouverez des nouvelles courtes, de quelques pages seulement, à des nouvelles plus longues de quelques dizaines de pages.

Les plus courtes racontent une anecdote, sympathique, avec beaucoup de réserve mais beaucoup d’humour. J’ai été touché par la naïveté du pompiste dans Comptes de Noël. La nouvelle Meurtre avec vue, l’histoire d’une Tueuse qui se reconvertie, est certainement la plus comique et la plus décalée.

L’une des moins réussie est celle narrant les déboires d’un ange censé veiller sur un jeune homme dans L’ange déçu, comme si son titre était prémonitoire.

La nouvelle qui pourrait paraître la plus réelle est certainement celle qui conte les exploits d’une jeune femme voulant se faire opérer et vendre la vidéo sur le Web, la fin tragique fait de Your Honor le texte le plus glauque.

La plus réussie, celle qui est certainement la plus travaillée, Looking for Beckie, raconte comment un journaliste tente de sauver sa femme suite à son enlèvement. En quelques lignes, l’auteur nous projette dans des superbes scènes d’actions dans Paris. Barrages de police forcés, coups de feu, jolie demoiselle, plongeon dans la Seine, font un mélange détonnant et ce récit est une réussite.

L’écriture est simple, efficace et sans fioriture. Les nouvelles se lisent rapidement, il n’y a pas de lourdeur et les pages défilement rapidement. Un premier recueil de nouvelles qui laissent présager d’autres volumes intéressants.

Je remercie Les Agents Littéraires et les Editions l’offre.

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