Un regard de sang – Lina Meruane

«C’est alors qu’un feu d’artifice a explosé dans ma tête. Ce n’était pas du feu que je voyais, c’était du sang en train de couler à l’intérieur de mon œil. Le sang le plus émouvant que j’aie vu de toute ma vie. Le plus inouï. Le plus effrayant.»
Avec Ignacio et quelques amis, Lina se trouve à une soirée lorsque survient la catastrophe qu’elle redoutait depuis longtemps. Son ophtalmologue lui annonce qu’elle devra attendre plusieurs semaines avant de pouvoir subir une intervention chirurgicale, il lui suggère de partir se reposer auprès de sa famille à Santiago du Chili. Retour dans la ville de son enfance, plongée dans les souvenirs d’une vie qui lui semble déjà lointaine. Quand Ignacio la rejoint, Lina le guide dans cette cité devenue floue et qu’elle bâtit d’images passées. Elle compense sa vue diminuée par ses autres sens, par le fantasme aussi, en attendant le retour à New York et la délicate opération…

Ce roman étranger, chilien, est l’oeuvre d’une auteure que je ne connaissais pas. Ce roman a été récompensé par un prix. Son récit raconte un passage dans une vie. Un moment tragique où le personnage, qu’elle place comme elle même découvre des problèmes graves aux yeux. Dans son récit d’aveugle, elle nous décrit son monde fait de noir et de sensations avec énormément de détails. A l’intérieur d’elle-même, le personnage nous fait toucher du doigt les profondes émotions qui sont vécues pendant ce périple. L’histoire aurait pu être banale, mais l’écriture empreinte de légèreté, presque tactile, nous transporte dans sa tête, au coeur de son imaginaire.
Le récit entouré par la mort, la mort de ses yeux, la mort de la vue, le noir impénétrable, est encore plus vivant par l’espoir et la poésie qui l’accompagne. Comme pour contrer le destin tragique de son corps, elle nous décrit avec encore plus de vivacité ce qu’elle ressent, imaginé ou vécu.
Un roman à l’écriture légère, pleine d’émotion, de vie, qui raconte une tranche de vie difficile avec beaucoup de tendresse finalement et de poésie.
Je remercie Babelio et Grasset pour ce partenariat.

Eaux-fortes de Buenos Aires – Roberto Arlt

eauxfortesEcrites entre 1928 et 1933, les Eaux-fortes de Buenos Aires sont autant d’instantanés de la capitale argentine, de ses habitants, de ses coutumes et de son art de vivre. Car il y a bien une faune et une flore particulières à l’endroit : ses jeunes oisifs plantés devant leur seuil, ses chantiers de construction pillés de leurs briques, ses maisons de tôle ondulée aux couleurs passées… Chaque curiosité fait l’objet d’une eau-forte, petit bijou littéraire savamment rythmé par un auteur qui n’a peur ni des écarts de langage ni des mélanges peu orthodoxes. Il en ressort un tableau vivant et mouvant de la ville, une oeuvre urbaine et moderne.

Ce récit est un recueil d’articles écrit par Roberto Arlt pendant quelques années dans un journal argentin dans la première moitié du siècle dernier. Ces eaux-fortes se reconnaissent par un style critique et acide.
Il faut apprécier les écrits de ce type. Le genre de courts récits qui critiquent celles et ceux qui font quelque chose dans leur vie, que ce soit bien ou mal, mais qui font quelque chose. Le genre de courts récits écrits par une personne critique mais qui à part fournir un billet hebdomadaire avec difficulté ne fait rien d’autre à part critiquer.
J’avoue ne pas avoir aimé, ne pas avoir aimé l’auteur, ni ses écrits. L’auteur parce qu’il montre dans sa critique une haine envers les gens, une certaine rancoeur de la vie ancrée profondément. Il est devenu un personnage tellement aigri qu’il en arrive à devenir méchant. Ses écrits parce qu’il raconte la vie de gens qui se lèvent le matin tôt pour aller travailler, rentrent le tard soir et réalisent cela six jours sur sept, toute une vie, sans aucune autre possibilité. Ses écrits parce que la critique facile sur le physique m’a insupportée, m’a dégoûté. Arlt, un auteur reconnu, un journaliste finalement sans grand talent qui juge sur l’apparence physique de la vie des gens qu’ils croisent est tout simplement honteux. Dans une époque difficile comme l’Argentine pouvait la vivre, se moquer des gens, et en vivre aisément, est tout bonnement une honte. En rire, encore plus. J’imagine un Roberto Arlt n’aimant pas sa personne, un peu laid et aigri de son manque de succès aupr ès de la gente féminine qu’il n’aime plus suite à de réguliers chagrins d’amour, finissant seul sur son lit, dans sa petite chambre aux allures spartiates, conservant dans un mélange de plaisir et de haine, une photo de sa maman dans un cadre caché. Une chambre dans laquelle il n’accueille personne, préférant la laisser le jour pour parcourir les rues de Buenos Aires, s’imaginant les pires vacheries à l’encontre des gens qu’il croise en les jugeant de par leur physique. Ces récits montrent un personnage complexé sans passion ayant seulement eu la chance de poursuivre des études pour apprendre à bien écrire des saloperies.
J’aime ce que Asphalt fait mais ce livre ne m’a pas plu.
Je remercie Libfly et Asphalte pour ce partenariat.
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Cent ans de solitude – Gabriel Garcia Marquez

centansUne épopée vaste et multiple, un mythe haut en couleur plein de rêve et de réel. Histoire à la fois minutieuse et délirante d’une dynastie : la fondation, par l’ancêtre, d’un village sud-américain isolé du reste du monde ; les grandes heures marquées parla magie et l’alchimie, ; la décadence ; le déluge et la mort des animaux. Ce roman proliférant, merveilleux et doré comme une enluminure, est à sa façon un Quichotte sud-américain : même sens de la parodie, même rage d’écrire, même fête cyclique des soleils et des mots. Cents ans de solitude, compte parmi les chefs-d’œuvre de la littérature mondiale du XXe siècle. L’auteur a obtenu le prix Nobel de littérature en 1982.

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Livraddict et Point 2 pour ce partenariat.

Nous nous trouvons à Macondo, village d’Amérique latine, où vit la famille Buendia qui l’a fondé. Pendant un siècle, nous suivons une génération après l’autre la vie du village au sein de la famille Buendia. Ce village isolé, devient ainsi le centre d’histoires aussi magiques que mystérieuses dans un pays en guerre.

Cent ans de solitude conte donc l’histoire d’une seule et même famille. Les personnages sont une multitude, et nous découvrons au fil de leur vie l’évolution du village et du pays. Et malheureusement, il semble y avoir trop de personnages dans ce roman au point que l’auteur n’arrive pas à nous faire focaliser sur l’un ou l’autre, nous empêchant ainsi de nous identifier, et donc de nous installer dans l’histoire. Malgré tout, l’histoire est complexe et complète. Nous suivons la vie de cette famille qui agit pour et contre son entourage, dans ce village perdu. Grâce à l’évolution dans le temps de ces personnages, nous apprenons l’histoire d’un pays, de la guerre qui y fait rage, mais aussi des conflits qui se déroulent ailleurs sur le globe, et aussi des nouvelles plus rassurantes bien que la plupart qui arrivent au village sont toujours assez morbides.

L’écriture de Gabriel Garcia Marquez est assez poétique. Belle et facile à lire, elle est l’atout de ce roman. Dans une approche très lyrique, l’accent chantant de cette écriture est plus qu’un plaisir.

Malgré tout, les descriptions trop longues finissent par ennuyer le lecteur et arrivé au tiers du roman, la fatigue s’installe. J’ai trouvé que ce roman débutait bien mais qu’il se tassait par la suite, donnant envie de le lire au début et devenant lassant ensuite.

Je retiens tout de même le nom de cet auteur que je n’avais jamais lu auparavant car son écriture est vraiment intéressante.

Je remercie Livraddict et les Editions Point 2 pour ce partenariat.

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L’alchimiste – Paulo Coelho

alchimisteSantiago, un jeune berger andalou, part à la recherche d’un trésor enfoui au pied des Pyramides.
Lorsqu’il rencontre l’Alchimiste dans le désert, celui-ci lui apprend à écouter son cœur, à lire les signes du destin et, par-dessus tout, à aller au bout de son rêve.

Un jeune berger espagnol pense que son avenir sera différent parce qu’il souhaite se marier à la fille d’un vendeur qu’il rencontre dans un village de passage. Mais les événements vont le pousser à rechercher un alchimiste qui détient les clés, peut-être, de la richesse. Une quête commence alors qui va le pousser à travers le désert jusqu’aux pyramides en Egypte.
Le récit se veut philosophique se référant à la religion comme aux légendes ancestrales. L’auteur utilise comme base les signes que nous devons suivre pour vivre notre histoire, notre destin, notre légende personnelle. Mais le récit se repose trop souvent sur la religion qui pour ma part sont des préceptes obsolètes, vieux de près de deux mille ans, écrit par des vieillards séniles à des fins politiques, de manière à gérer de façon la plus intéressante possible la population analphabète et bête. Mais l’auteur arrive tout de même à s’en détacher et arrive à nous montrer que la bonne voie n’est pas celle de la religion ni de l’alchimie, que les hommes n’auront pas compris, mais celle de l’amour, pour son prochain. Ainsi, le jeune berger part pour un amour impossible et découvre le vrai, le grand, dans un endroit improbable, loin de chez lui.
Le récit est très bien écrit mais s’adresse trop à des lecteurs du dimanche, de vacances ou pour l’enseignement par des professeurs fainéants et/ou bêtes.
Malgré son succès, ce livre est passé à côté de quelque chose.

Les taupes – Félix Bruzzone

lestaupesLa dérive d’un fils de disparus de la dictature argentine, balloté entre une grand-mère persuadée que sa fille lui a donné un autre petit-fils en détention, une petite amie avec laquelle il n’arrive plus à communiquer et un mystérieux travesti dont il tombe amoureux, Maïra. Ce récit paranoïaque et surréaliste, à bout de souffle, nous entraîne de Buenos Aires à Bariloche, au pied des Andes, dans la quête initiatique troublante, politiquement incorrecte et souvent drôle d’un narrateur désabusé, à la recherche de son passé et de son identité sexuelle.

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Babelio et Asphalte pour ce partenariat Masse Critique.

Quelle drôle d’histoire ou plutôt devrais-je dire, quel drôle de conte. Le trajet d’un personnage un peu perdu, qui recherche son identité, sa mère et son père ayant été tué pendant les pages noires de l’histoire de l’Argentine. Au début, élevé par sa grand-mère en quête d’une vérité qui n’existe peut-être pas, puis amoureux d’une jeune femme militante. Mais son mal-être, une bizarre déprime, l’empêche de continuer et malgré la nouvelle d’une grossesse, il tombe amoureux d’un travesti avant de finir dans les bras d’un homme, parfois violent, aux propos injurieux mais aimant.

A quel moment nous sommes dans ses délires paranoïaques, à quel moment la vérité est relatée… on ne le sait plus. Et c’est avec lui que nous nous enfonçons dans un rêve fait de retrouvailles familiales, et d’une réalité glauque aux descriptions réalistes.

Malgré le thème sur l’homosexualité, la folie d’un jeune homme perdu dans son passé et son identité sexuelle, l’écrivain sait nous captiver. L’écriture est très fluide et nous poursuivons les péripéties de ce « petit fou » avec plaisir même si j’avoue ne pas être arrivé à m’identifier au personnage. Un nouveau regard sur l’Argentine, son histoire et la souffrance des enfants des disparus, ses travestis qui arpentent les rues, en somme, ce mal-être national que ce pays n’arrivent pas effacer, à dépasser.

Je remercie Babelio et Asphalte.

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L’odyssée du Winnipeg – Ramon Chao

odyssewinnipeg1937. Luis Gontan, surnommé Kilowatt, est électricien -comme son père avant lui- aux P & T de son petit village de Galice quand sa vie, entre tromperies et enchevêtrements amoureux, se voit bouleversée par la Guerre Civile, absurde et horrible. De témoin, il en deviendra l’acteur malgré lui car, dans le feu de l’action, il est pris pour Foucellas, le redoutable (et authentique) guerillero anarchiste et anti-franquiste…
Cette méprise le conduira à vivre plusieurs vies ; il sera tour à tour ambulancier, infirmier voire milicien. Il gravira et descendra les échelons militaires ce qui ne l’empêchera pas d’être traduit en conseil de guerre. Il sera mendiant et séduira une religieuse qu’il contentera même !…
Kilowatt saura aussi subtiliser le portefeuille d’un mort parmi les brigades internationales et lui voler sa carte d’adhérent au Parti communiste. Ce véritable talisman lui permettra –une fois la guerre terminée- de sortir du camp d’internement de Gurs dans le sud de la France et de monter avec plus de deux mille réfugiés communistes à bord du Winnipeg, un bateau affrété par Pablo Neruda à destination de Valparaiso où il arrivera le 3 septembre 1939.
Et où Kilowatt cherchera une vie nouvelle.

Avant de commencer cette critique, je tiens à remercier BoB et les Editions Buchet-Chastel pour ce partenariat. Aussi, quelle surprise de lire l’un des romans du père de Manu Chao, excellent musicien et connu pour la Mano Negra et ses titres devenus de grands classiques.

L’histoire se déroule pendant la période d’avant-guerre en Espagne, durant la guerre civile qui terrorisa ce pays. Luis Gontan vit dans un village de la Galice, il se retrouve contraint de fuir dans le maquis et d’abandonner sa fiancée enceinte. S’ensuit une escapade où pour sauver sa peau, Luis prend l’identité d’un grand guerrier.

Entre chaque chapitre nous contant les péripéties de Kilowatt, un chapitre nous raconte avec beaucoup de détails comment l’Espagne, l’URSS et les autres pays européens complotent les uns contre les autres. Au niveau historique, tous ces détails sont très intéressants et je dois avouer que j’ai appris énormément de choses, mais je n’ai malheureusement pas trouvé l’intérêt de nous asséner des cours sur les protagonistes de l’avant-guerre, sans ces chapitres, le roman aurait été autant compréhensible. Des pages et des pages d’histoire que j’ai lu jusqu’au bout mais qui m’ont endormi.

Les rebondissements de ce Kilowatt sont réellement rocambolesques, au point d’être tirés par les cheveux. Heureusement que l’écriture était un plaisir à lire. Les dialogues comme les personnages et les décors sont décrits sans trop de fioritures mais suffisamment pour que l’envie de continuer de lire ne nous lâche pas.

Un roman qui retrace la vie d’un jeune homme qui aurait bien voulu vivre une vie des plus simples et c’est dommage que l’auteur nous ait matraqué de ces connaissances historiques qui, je n’en doute pas, m’auront appris énormément de choses mais qui, dans ce roman, m’ont paru réellement de trop.

Je tiens à remercier BoB et Buchet-Chastel.

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