Les chroniques de Cthulhu – S.T. Joshi

Des profondeurs de R’lyeh nous viennent vingt et une nouvelles d’horreur inédites, aussi macabres que terrifiantes.
Une sélection d’auteurs de premier plan puisant leur inspiration dans l’œuvre de Lovecraft explorent ici les abîmes cachés de l’esprit humain, en reprenant des concepts créés par le maître de l’horreur et en les développant pour les mener dans de nouvelles directions.
Résultat : des histoires totalement originales, dont certaines vont jusqu’à mettre en scène Lovecraft lui-même. Les nouvelles de ce recueil ont été réunies par S. T. Joshi, spécialiste mondial de Lovecraft. Célèbre pour avoir rétabli les œuvres de l’auteur dans leur état originel, il a reçu de nombreux prix littéraires et rassemble ici un casting quatre étoiles pour un livre indispensable à tout amateur d’horreur.

Voici un recueil de nouvelles dans l’univers de Lovecraft, l’auteur hanté par ses rêves. Les vingt et quelques nouvelles sont toutes contemporaines, ce qui peut perturber le lecteur assidu des nouvelles du maître. Mais passé ce côté pouvant même rebuter, les nouvelles pourraient être intéressantes et prenantes. Malheureusement, le style est moyen et les récits n’ont pour ainsi par une chute ou un dénouement digne d’être édités. Pour ma part, seules deux ou trois nouvelles sortent du lot et sont un vrai plaisir de lecture et méritent de faire partie d’un livre de ce genre. Mais l’ensemble, même si c’est une bonne initiative, est décevant, et nous renvoie irrémédiablement vers la lecture de l’auteur original qu’est Lovecraft. Imité mais jamais égalé, Lovecraft reste au-dessus, indéniablement.

Airborne 44 6. L’hiver aux armes – Jarbinet

Ce deuxième épisode du diptyque et sixième épisode de la série est un très bon album. Fini le passé et les explications, nous voilà en pleine guerre, où boucherie et mission de sauvetage sont au centre de notre récit. L’histoire est prenante et jusqu’à la fin même haletante, la guerre est cruelle, mais est ce que cela finira bien pour nos personnages que l’on trouve attachant. Le graphisme est particulièrement réussi avec beaucoup de détails intéressants, malgré des décors neigeux et compliqués pour y mettre du relief, l’auteur nous propose un ensemble très bien réalisé. Les scènes d’action sont entrecoupées de scènes courtes plus calmes, pour donner plus d’impact à l’action du moment. Les pages sont très cinématiques. Cette série est vraiment bien faite, avec des récits et des graphismes qui font de chaque album de bons moments de lecture.

Quelque part avant l’enfer – Niko Tackian

Une matinée comme les autres. Après avoir déposé son fils à l’école, Anna s’engage sur le boulevard sans remarquer le semi-remorque lancé à pleine vitesse. C’est le choc. Le tunnel. La musique des sphères. Mais, au seuil de la lumière, une silhouette s’interpose. Un homme, petit et barbu, la prévient :  » Je vais te tuer.  » 
Miraculeusement revenue d’entre les morts, Anna reprend ses marques, peu à peu. Or une présence semble partout suivre ses pas, semant dans Paris des cadavres de femmes. Il l’a prévenue : elle sera la dernière… 

Anna a un accident grave et vit une expérience particulière. Dans le même temps, un tueur en série sévit dans Paris et tue des prostituées. Tout est lié, mais de quelles manières. Le récit est assez linéaire et très prévisible. Le dénouement se dessine très longtemps avant la fin du roman gâchant le plaisir de la lecture. Les personnages sont assez superficiels et presque caricaturaux. L’écriture est aisée mais trop facile. L’auteur a tendance à rajouter des adjectifs inutiles pour faire des pages et le style ressemble aux auteurs de romans de plage. Grosse déception sur cette lecture. Le thème des expérience de mort imminente est abordée mais sans plus uniquement pour avoir une trame de fonds légère. Il aurait été préférable un peu plus de profondeur dans la recherche pour nous apprendre un peu plus. Le sujet est abordé très superficiellement et pas suffisamment pour nous donner envie de continuer à se renseigner. Dommage…

Papillon de nuit – R.J. Ellory

Assassinat de Kennedy, guerre du Vietnam, luttes pour les droits civiques, Ku Klux Klan : c’est dans cette Amérique en crise des sixties que Daniel Ford a grandi. Et c’est là, en Caroline du Sud, qu’il a été accusé d’avoir tué Nathan Verney, son meilleur ami.
1982. Daniel est dans le couloir de la mort. Peu de temps avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les choses sont loin d’être aussi simples qu’elles en ont l’air.

Ce premier roman de l’auteur à succès R.J. Ellory se déroule dans l’Amérique des années 50 à 80. Nous sommes auprès de Daniel, dans le couloir de la mort, condamné pour le meurtre de Nathan, et se remémore sa vie, les bons moments comme les mauvais. L’histoire est prenant puisque le personnage nous raconte sa propre histoire mais aussi l’histoire des Etats-Unis, avec parfois suffisamment d’éloignement pour nous rendre compte malgré tout de l’impact de décisions politiques sur la vie de jeunes américains. Le personnage de Daniel est très attachant. Mais le récit met vraiment du temps à démarrer, c’est dans la deuxième partie du roman que nous ressentons une accélération jusqu’au dénouement. Mais quelques indices parsemés ici et là, juste une phrase, nous dévoile ce que sera la fin, et j’ai été un peu déçu de ne pas avoir la surprise.
Le roman est très bien écrit et le style nous aspire facilement dès les premières pages. Dans l’ensemble, c’est un bon roman qui nous imprègne d’une atmosphère particulière, la prison et la vie des Etats-Unis pendant plusieurs décennies, mais il y a tout de même quelques défauts.

Airborne 44 5. S’il faut survivre – Jarbinet

Le krach boursier de 29 et le Dust Bowl nous ont jetés sur les routes. Avec notre jeunesse pour seule richesse, nous n’étions plus que des migrants sans racines, sans travail, sans avenir. Nous ignorions que pour sauver notre peau, nous allions devoir la mettre en jeu.

Nouveau diptyque de cette série Airborne dans laquelle nous retrouvons quelques âmes au milieu de l’horreur de la guerre. Cet épisode nous raconte plutôt comment elles se sont engagées dans l’armée pour être en plein froid d’un hiver rude en Europe. Le graphisme est toujours aussi agréable et les détails sont souvent bluffants. Mais l’atout de cette série et de cet album est l’histoire, le récit que nous raconte l’auteur. C’est l’histoire de gens simples qui aspirent uniquement à vivre heureux et simplement et qui vont au devant d’un massacre à l’échelle mondial. Les personnages sont attachants et il est facile de s’identifier et de vivre leurs difficultés.
Un nouvel album toujours aussi intéressant et vraiment bon. Cette série est d’un très bon niveau, et se lit avec beaucoup de plaisir quelque soit l’album.

Charlotte Impératrice 1. La princesse et l’archiduc – Nury et Bonhomme

Élevée par son père Léopold 1er, Charlotte de Belgique est destinée à faire un glorieux mariage. Pour la jeune femme, le choix s’arrête sur l’archiduc Maximilien d’Autriche, frère cadet de l’empereur François Joseph. Un mariage somptueux vient sceller leur union, qui, disons-le tout de suite, ne sera pas heureuse. Le jeune couple est dépassé par les rivalités dont ils sont le jeu, entre les terribles Habsbourg et le calculateur empereur Napoléon III. Et Maximilien se révèle un homme décevant, à tous points de vue. C’est en faisant face à l’adversité que Charlotte aura finalement l’occasion de quitter les voies d’un chemin tout tracé…

J’ai toujours un peu d’appréhension lorsque je lis des bandes dessinées consacrées à des événements historiques. Ce premier tome démarre sur les premières relations de Charlotte et de Maximilien. Le récit est bien construit et ne pouvant tout mettre dans une bande dessinée, les auteurs donnent envie d’en connaître un peu plus sur cette Charlotte. Et c’est là que le plaisir est réel. Le moment de lecture est passionnant, mais en plus, vous souhaitez aller plus loin, vous renseigner et connaître plus de détails. Le pari est donc réussi à ce niveau. De plus, le personnage de Charlotte est intéressant et attachant car au delà de l’aspect historique, il y a aussi un aspect psychologique des différents protagonistes.
Le graphisme est particulièrement réussi. Les personnages sont bien travaillés, réalistes et les décors sont du même niveau. L’ensemble est d’un rendu très bon et donne envie de lire toujours un peu plus. L’album est en plus généreux et ne se limite pas aux 48 pages habituels, et nous fournit une première tranche de vie complète et passionnante. Un très bon premier album qui forcément donne envie de lire la suite.
Je remercie Babelio et Dargaud pour ce partenariat.