Simulacres – Philip K. Dick

Comment démêler le vrai du faux dans ce XXIe siècle où nous croisons pêle-mêle un président dont on ne sait trop s’il est encore un être humain ou déjà un robot, une première dame éternellement jeune et belle, des spots publicitaires volants qui s’introduisent chez vous et qu’il faut abattre d’un coup de fusil, des hommes de Neandertal dans les forêts de Californie et bien d’autres bizarreries qui tissent ensemble la trame d’une intrigue aux ramifications vertigineuses.

Ce roman date des années 60 et se veut être visionnaire dans un monde plus éloigné dans lequel les USA et l’Europe ne font plus qu’un, dans un monde géré par un président vieillissant marié à une femme éternellement jeune. Dès les premières pages, et même si l’univers créé par l’auteur semble décalé, il est surtout énormément visionnaire, car près de 60 ans après son écriture, nous tendons vers un monde comme celui-ci, aseptisé pour la plèbe, lui facilitant la vie, l’assistant dans les moindres détails de la vie. Orwell aurait pu l’écrire tellement l’univers est semblable sur bien des points, mais peut-être c’est cette période de guerre froide dans une société de consommation qui commence à prendre un rythme de croisière qui a pu autant inspirer ces auteurs.
Le récit est bien construit et rapidement nous sommes pris dans l’engrenage de l’histoire de ces personnages et de cet univers qui semble un peu fou. Le style est typique de ces années mais loin d’être rebutant, il s’adapte parfaitement au genre et le roman se lit facilement, et avec beaucoup de plaisir.
Les personnages peuvent paraître caricaturaux mais le travail de l’auteur à leur sujet est plus profond et présente finalement des acteurs intéressants, et attachants. C’est un roman plaisant à lire et qui instaure une base sur beaucoup de créations arrivées ultérieurement.

Dans la cage – Kevin Hardcastle

Ancien champion de boxe et de free fight, Daniel a raccroché les gants après une blessure grave et dire adieu à ses rêves de gloire. Devenu soudeur, il mène aujourd’hui une vie tranquille avec sa femme et sa fille, âgée de douze ans, à Simcoe,  petite ville d’Ontario dont il est originaire. Difficile pourtant, dans une région minée par le chômage, de joindre les deux bouts. Aussi Daniel accepte-t-il de se mettre au service de Clayton, un caïd de seconde zone qu’il a connu dans son enfance, le temps de se renflouer. Mais vite écoeuré par la violence de ce milieu, il décide de s’affranchir et de remonter sur le ring. Sans se douter que, telle l’araignée prise dans sa toile, il ne pourra se libérer de l’influence néfaste de son ami…

Ce premier roman de l’auteur, il nous décrit un personnage atypique, combattant de free fight, voulant se donner un nouvel avenir avec sa femme et sa fille, mais le passé est toujours présent, et la rattrape quoi qu’il fasse pour s’en détacher. Daniel, un personnage très vite attachant, est ouvrier, soudeur, il cherche des chantiers jusqu’à qu’un jour il trouve une place un peu plus sûre. Mais l’économie est difficile et il perd sa place. Pour s’occuper, il reprend les gants et va dans une salle qui vient d’ouvrir pour recommencer des entraînements, au début tranquillement, puis jusqu’à le mener au combat.
L’écriture est incisive, tranchante. Maniant les états d’âme du personnage, les scènes d’entraînements, et la vie de tous les jours, l’auteur nous décrit avec présence une tranche de vie difficile. On s’imprègne d’une région touchée fortement par le chômage et dans laquelle les habitants vivent de petits larcins, on s’imprègne d’un milieu violent, mais aussi d’une famille aimante, soudée.
Le récit est bien structuré, avec une histoire qui vous prend crescendo jusqu’à un dénouement que l’on imagine, que l’on sent arriver, mais que l’on ne souhaite pas. La réalité prend le dessus sur l’attachement que l’on peut avoir pour ce personnage différent.
C’est un roman intéressant, tout aussi atypique que son personnage principal, original.
Je remercie Babelio et Albin Michel pour ce partenariat.

Le vieil homme et la mer – Ernest Hemingway

À Cuba, voilà quatre-vingt-quatre jours que le vieux Santiago rentre bredouille de la pêche, ses filets désespérément vides. La chance l’a déserté depuis longtemps. À l’aube du quatre-vingt-cinquième jour, son jeune ami Manolin lui fournit deux belles sardines fraîches pour appâter le poisson, et lui souhaite bonne chance en le regardant s’éloigner à bord de son petit bateau. Aujourd’hui, Santiago sent que la fortune lui revient. Et en effet, un poisson vient mordre à l’hameçon. C’est un marlin magnifique et gigantesque. Débute alors le plus âpre des duels. Combat de l’homme et de la nature, roman du courage et de l’espoir, Le vieil homme et la mer est un des plus grands livres de la littérature américaine.

Le vieil homme et la mer est un petit roman, une grosse nouvelle, parlant d’un homme, vieux, pêcheur, pauvre, qui a perdu la chance. Celle de pêcher de beaux poissons. Il est accompagné d’un jeune garçon obligé après plusieurs jours sans poisson d’aller ailleurs par ses parents. Mais Manolin, le jeune garçon, ne perd pas espoir et lui offre des appâts. Le vieil homme part pêcher comme tous les jours et attrape un marlin, magnifique. Le combat est long, et met à rude épreuve l’endurance de ce vieil homme. Le récit est dans la description de la mer, du combat, du corps, de la souffrance, de cet homme. La souffrance physique, mais aussi psychique, celle de combattre la nature, de l’user, celle de savoir que son temps est révolu, celle de savoir que la mort ne se donne plus à lui, mais que bientôt c’est la sienne. Le vieil homme et la mer est le récit d’un combat qui se déroule dans le respect de l’adversaire, un combat contre lui-même, et pour lui-même, c’est le combat pour vivre, tout simplement. Ce classique de la littérature américaine est un récit facile à lire, rapide à lire, qui est une leçon de morale, belle et imagée, confrontant l’homme contre lui-même et contre la nature.

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

Dans une petite ville d’Alabama, à l’époque de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Avocat intègre et rigoureux, il est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche.

L’histoire se déroule dans les années 30 aux Etats-Unis, des Etats-Unis ségrégationnistes, racistes, dans des campagnes haineuses, irrespectueuses des noirs et en réalité de toutes personnes différentes de l’américain blanc moyen. Scout, un petite fille, un peu garçon manqué, nous raconte les événements de son quartier, de son école, et d’un événement qui fit trembler cette petite ville de Maycomb. Le viol d’une fille par un noir. Le récit est prenant, l’écriture parfaite, la lecture se fait avec une grande fluidité. L’auteur nous mène au coeur de cette amérique profonde, dans les yeux de Jean Louise « Scout », un personnage tellement attachant.
Ce livre est devenu un grand classique américains et l’auteur a reçu le prix Pulitzer. Le récit est poignant mais surtout la narration est excellente, sans accroc. Se retrouver dans le personnage de Scout est déroutant au début mais finalement nous permet d’émettre un avis pur et juste sur la société de cette époque. Il y a des romans, des livres, qui se doivent de figurer dans toutes les bibliothèques et d’être lus au moins une fois, celui-ci en fait partie, au même titre qu’un Victor Hugo.

Le dilemme du prisonnier – Richard Powers

ledilemmeFin des années 1980, DeKalb, Illinois. Eddie Hobson, Ailene, et leurs quatre enfants, ont toujours formé un clan très soudé. Mais lorsque Eddie est frappé par une étrange maladie, la mécanique familiale se dérègle et les secrets de ce père pas comme les autres font peu à peu surface. Pourquoi ce professeur d’Histoire charismatique a-t-il élevé ses enfants, aujourd’hui adultes, dans l’amour de la culture, du divertissement des énigmes et des jeux d’esprits, en les tenant toujours éloignés des réalités de leur temps ? Et quelle est cette longue histoire qu’il élabore depuis près de trois décennies derrière une porte close ? Alors qu’Eddie s’est enfui de l’hôpital pour une destination inconnue, le plus jeune de ses fils, Eddie Jr, part à sa recherche. Petit à petit, l’histoire du père se dévoile et avec elle, c’est tout le XXe siècle qui défile, de l’exposition universelle de New York en 1939 aux essais nucléaires de Los Alamos, en passant par un projet grandiose de Walt Disney, destiné à entretenir l’optimisme des populations durant la Seconde Guerre mondiale. Dans cet éblouissant roman polyphonique, Richard Powers s’intéresse à l’industrie du divertissement, de Hollywood à Disneyland, et questionne notre besoin d’évasion. Il nous montre, à la lumière d’un demi-siècle d’une histoire passionnante, comment ce qui nous édifie, que ce soit la famille ou la culture, nous emprisonne également.

Le dilemme du prisonnier est un roman américain de la fin des années 80, traduit pour la première fois en français. Il raconte la vie d’une famille, avec au centre un père et mari, ayant une emprise psychologique pacifiste et intellectuelle sur les membres de sa petite communauté. Le récit débute alors qu’il est, apparemment, gravement malade. Entre réminiscences des uns et des autres, et la vie de tous les jours, le calvaire d’un homme prisonnier de son corps et la famille souffrant de ne pas satisfaire le père dans ses jeux verbaux délirants.

Autant l’avouer immédiatement, ce roman n’est pas intéressant. Et dans « intéressant », il y a « intérêt », et l’histoire ne présente aucun intérêt au yeux du lecteur. Dans les premières pages, on recherche la trame, arrivé au tiers, difficilement par ailleurs, on ne l’a toujours pas trouvé. L’histoire est complétement absurde. Le père s’amusant à faire souffrir sa famille, une femme complétement passive et des enfants devenus adultes cherchant des miettes de reconnaissance paternelle. C’est complètement sans intérêt, le genre de roman qui vous dégoûterait de la lecture tellement c’est ennuyeux.

De plus, le style est assez lourd et les longueurs sont monnaie courante au point que très régulièrement, arrivé à la fin du paragraphe, vous vous demanderez comment vous en êtes arrivés là. Pour preuve, je n’ai pas encore digéré la liste des courses que Ailene, l’épouse, réalise dans sa cuisine. Cette liste s’étale sur des pages et des pages, et nous avons droit à des mots qui font des phrases, des phrases qui font des paragraphes, et le tout sans queue ni tête.

En somme, une fastidieuse découverte d’un auteur américain qui dans les premières pages peut faire penser à Tom Robbins, mais qui rapidement vous fait comprendre qu’il y a une grande différence entre un maître et un adepte.

Ce roman a été lu dans le cadre de l’opération On vous lit tout en partenariat avec Le Furet du Nord et Libfly.

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Gatsby le magnifique – Francis Scott Fitzgerald

gatsby« S’il faut dire la vérité, Jay Gatsby, de West Egg, Long Island, naquit de la conception platonicienne qu’il avait de lui-même. Il était fils de Dieu — expression qui ne signifie peut être rien d’autre que cela — et il lui incombait de s’occuper des affaires de son Père, de servir une beauté immense, vulgaire, clinquante. Aussi inventa-t-il la seule sorte de Jay Gatsby qu’un garçon de dix-sept ans était susceptible d’inventer, et il demeura fidèle à cette conception jusqu’à la fin. »

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercie Livraddict et les éditions Folio.

Gastby le magnifique est un roman à la première personne, Nick Carraway, qui habite la maison voisine à celle de Jay Gastby. Dans les années aux Etats-Unis, où les fortunes se font et se défont, Nick essayent de s’insérer sans beaucoup de conviction dans les milieux aisés de la banlieue New-Yorkaise. Il se lie d’amitié avec Gatbsy qui organise de fastueuses soirées et tente de retrouver son premier amour.

Ce roman traite de l’insouciance de gens riches à cette époque où aux Etats-Unis. Le personnage de Nick est très peu approfondi, laissant la part belle aux autres personnages qui orbitent autour de son ami Jay Gatsby. Des secrets enfouis, des rumeurs font de cet homme un mystère pour toute la jet-set de l’époque.

L’auteur prouve encore une fois quel talent il avait grâce à son écriture légère et… insouciante, nous faisant ressentir encore plus intensément le caractère si particulier et l’ambiance débauchée de cette époque dans ce milieu de jeunes riches à qui tout réussit. Ce roman est presque comme un témoignage des Etats-Unis des années 20 et 30 et j’ai eu beaucoup de plaisir à le lire et à retrouver des similitudes avec De l’eau pour les éléphants de Sara Gruen.

L’auteur nous raconte aussi le rêve américain grâce à ce Jay Gatsby qui démarre de rien et arrive à devenir un homme influent au point d’arriver à truquer le championnat de base-ball. Ce rêve que tous les résidents de ce grand pays ont mais que peu parviennent à réaliser, et cette jalousie aussi des nantis nés avec une cuillère en argent dans la bouche.

Un beau roman sur la société américaine qui se lira facilement, rapidement et avec beaucoup de plaisir.

Un auteur qui ne déçoit jamais et qui dans cette traduction inédite nous permettra de le retrouver avec un nouvel intérêt.

Je remercie Livraddict et Folio pour ce partenariat.

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De l’eau pour les éléphants – Sara Gruen

eauelephantsCe roman pas comme les autres a une histoire exceptionnelle : en quelques mois, il a fait d’un auteur inconnu un véritable phénomène d’édition, le coup de coeur de l’Amérique. Durant la Grande Dépression, dans les années 1930, les trains des petits cirques ambulants sillonnent les États-Unis. Jacob Jankowski, orphelin sans le sou, saute à bord de celui des frères Benzini et de leur « plus grand spectacle du monde ». Embauché comme soigneur, il va découvrir l’envers sordide du décor. Tous, hommes et bêtes, sont pareillement exploités, maltraités.
Sara Gruen fait revivre avec un incroyable talent cet univers de paillettes et de misère qui unit Jacob, Marlène la belle écuyère, et Rosie, l’éléphante que nul jusqu’alors n’a pu dresser, dans un improbable trio.
Plus qu’un simple roman sur le cirque, De l’eau pour les éléphants est l’histoire bouleversante de deux êtres perdus dans un monde dur et violent où l’amour est un luxe.

De l’eau pour les éléphants raconte la vie dans les cirques des années 30 aux États-Unis. Jacob est étudiant, et souhaite devenir vétérinaire comme son père. Mais un jour, ses parents décèdent dans un accident de voiture. En pleine crise, l’héritage de Jacob est inexistant. Il fuie la ville et grimpe de nuit dans le premier train qui passe. Au matin, il se rend compte que ce n’était pas n’importe quel train. Il transporte un cirque d’une ville à une autre en traversant les États-Unis. Jacob est employé comme manœuvre et rapidement devient le vétérinaire. Il se lie d’amitié avec Kinko, un nain, et tombe amoureux de Marlène, la femme d’August.

Jacob raconte sa vie de ses quatre vingt dix ans, en maison de retraite. Il se remémore dans ses rêves cette partie de son existence difficile et pourtant si heureuse. Ce roman nous plonge dans le monde si particulier des forains, ses nomades qui offrent du plaisir aux « paysans ». Dès les premières pages, nous nous  immergeons dans cet univers à double face, la première, superbe pour les spectateurs qui s’émerveillent devant les artistes et les animaux du monde, l’autre, la seconde, sombre et cruelle, où les vieux chevaux sont donnés en pâture aux lions.

Par une écriture fluide, Sara Gruen vous tient en haleine dans le quotidien de ces gens du voyage qui contre quelques piécettes vous en mettent plein la vue. Les personnages sont travaillés et les descriptions sont précises. Jacob est un jeune homme plein d’entrain que la mauvaise fortune a mis sur le chemin de ce cirque. Ces rêves sont les derniers d’un vieil homme qui se bat dans un corps décrépi et qui le lâche malgré son combat pour garder toute son autonomie.

La vie à cette période nous fait ressentir les odeurs animales et la faim des hommes, nous fait découvrir la violence physique mais aussi celles de leurs conditions de tous les jours, lorsque les employés dorment entassés dans les wagons surchargés à quelques mètres à peine des chevaux, les sentiments les plus durs comme l’indifférence la plus totale pour les plus faibles qui se font jeter du train alors en marche, et les sentiments les plus beaux comme ce jeune homme qui défend ses amis.

De l’eau pour les éléphants est un magnifique roman retraçant la vie dans les cirques il y a près d’un siècle aux États-Unis, avec l’apparence de paillettes cachant la misère et au milieu, un jeune homme perdu qui marque de son empreinte, par ses actes les plus simples, la vie des gens qui l’entourent.

A lire absolument…

Je remercie Marmelade de livres pour sa gentillesse.

Le club – Leonard Michaels

leclubPas facile d’être un mâle, quelques années après la révolution sexuelle. Alors pourquoi ne pas imaginer un club où se retrouver entre hommes, rien qu’entre hommes ? Un soir, à la fin des années 70, quelques spécimens de la classe moyenne américaine se donnent rendez-vous. Très vite, ils parlent des femmes. D’amour, éventuellement. Et de sexe, bien entendu…

Avant de commencer ce billet, je tiens à remercier Libfly et Points pour ce partenariat. Ce roman a été lu et commenté dans le cadre de l’opération « Un livre, un(e) Mordu(e), une critique ! ».

Un groupe d’hommes décide de se réunir chez l’un pour fonder un club ouvert uniquement aux hommes. Ce club a pour objectif tacite de réunir des hommes pour discuter, s’occuper, loin des préoccupations familiales et des femmes. Mais au lieu de parler de tout et de n’importe quoi, ils discutent de femmes et d’amour.

Ce roman court est une sorte de huis clos où sont enfermés plusieurs hommes d’âge différent et de situation différente. Il travaille tous, mais l’un est avocat, l’autre est professeur. Physiquement aussi, ces hommes sont tous différents. Du petit chauve un peu frêle au grand gaillard costaud, ancien joueur professionnel, le paysage est posé. Un groupe se réunit assez disparate, pour parler. Mais parler de quoi ? La femme, la femme en général, ou la femme en particulier, l’individu même qui est au centre de leur préoccupation. Ils ont tous des idées sur le sujet, certains les respectent, d’autres s’en moquent, mais personne ne peut s’en passer. A la manière d’une thérapie, ils racontent celles qui les ont marquées. Ils sont là, autour d’une table, en train de se souvenir, de raconter, et de se justifier aussi, mais chaque fois, c’est avec beaucoup de tendresse.

Dans ce roman, on y trouve finalement une sorte d’analyse de l’homme du XXème siècle. Il ne se juge pas par rapport à leur vie professionnelle, ou à combien gagnent-ils, ou que possèdent-ils, mais par rapport aux relations qu’ils ont avec les femmes.

Le club démarre lentement, en devient presque ennuyeux sur les trente premières pages, puis rapidement, il devient indispensable de continuer. L’ambiance un peu lourde du début fait place à un truculent récit. Finalement, le roman est passionnant, les personnages sont forts en caractère et en différences physiques les uns par rapport aux autres, sans faire de caricatures, ils sont vrais. Leonard Michaels mène cette thérapie d’une écriture fluide, avec beaucoup de passion. Le club est très bon roman, court et plein d’émotions.

Je remercie Libfly et Points pour ce partenariat.

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L’étrange histoire de Benjamin Button – Francis Scott Fitzgerald

benjaminbuttonDès sa naissance, loin d’être un beau poupon joufflu, Benjamin Button ressemble à un vieillard voûté et barbu ! Ses parents découvrent peu à peu qu’il rajeunit chaque jour : de vieillard il devient un homme mûr, un jeune homme, un enfant… Bénédiction ou malédiction ?
Sous la fantaisie et la légèreté perce une ironie désenchantée qui place Fitzgerald au rang des plus grands écrivains américains.

Cette nouvelle, adaptée au cinéma, est d’une très grande originalité. Publiée la première fois en 1922, l’auteur a fait preuve d’une grande inspiration pour concocter cette histoire hors du commun. Benjamin Button naît vieux. Il a l’apparence d’un vieil homme de soixante dix ans et toute sa vie, il va rajeunir pour finalement redevenir un nourrisson. Sa vie est inversée et ne sera faite que d’anecdotes poignantes. Sa famille, ses amis, les inconnus voient un homme qui ne fait pas son âge. A vingt ans, il en paraît cinquante, et à cinquante, il en paraît vingt. L’auteur nous propose une écriture très fluide et sans aucune lourdeur. Je n’ai qu’un seul regret, la longueur bien trop courte de l’histoire de la vie de Benjamin Button. J’aurais préféré lire un roman de quelques centaines pages au lieu d’une cinquantaine tout au plus.

La deuxième nouvelle, La lie du bonheur, raconte l’histoire d’un jeune couple très amoureux, lui est écrivain, elle est actrice. Au bout d’une année, il tombe très malade, et rapidement perd l’usage de toutes ses facultés. C’est une épopée douloureuse pour cette belle jeune femme qui, jusqu’à la mort de son mari, reste présente et disponible pour son amour. Il fait ressentir la souffrance sourde et invisible de l’être cher qui disparaît dans sa maladie puis dans la mort, laissant une belle fleur, mais fanée. Une magnifique nouvelle qui vous fera lire le calice du bonheur jusqu’à la lie.

Losers-nés – Elvin Post

losersnesWithers est un caïd de la drogue, Romeo est bien placé pour le savoir : il a grandi à ses côtés, jusqu’à devenir un de ses guetteurs. Aujourd’hui, Romeo vend des magazines d’occasion sur un bout de trottoir de la 6è Avenue. Il a trouvé un boulot qui lui plaît, et vient de tomber amoureux d’une cliente qui passe chaque jour devant son étal de revues… Enfin, le destin semble lui sourire.

Jusqu’au jour où Sean Withers réapparaît, pour lui proposer de « parler un peu ». Le frère de Romeo, à peine sorti de prison, s’est à nouveau empêtré dans les magouilles criminelles de Withers. Romeo, cédant peu à peu à la panique, commet un faux pas irréversible, et plongera tout ce petit monde dans une impitoyable guerre des gangs.

Avant de commencer cette chronique, je tiens à remercier Libfly et les Editions Seuil pour ce partenariat.

Nous nous retrouvons aux Etats-Unis, dans la rue avec un noir qui pour survivre travaillait il y a encore quelques semaines pour un puissant malfrat, mais qui pour s’en sortir suite à l’incarcération de son frère, change d’orientation professionnelle pour vendre des livres d’occasions. Entre règlements de compte, histoires d’amour pourries et trahison, la police essaye de mener son enquête pour faire tomber un gros bonnet.

Les descriptions physiques des personnages, concises, sont frappantes de vérité. Et on se prend facilement à s’imaginer être aux côtés de Sean dans sa Mercedes. Les dialogues sont succulents, au point d’avoir l’impression d’être entre les deux frères Easley avec une caméra par exemple, ou lorsque Vivian parle de son Zebra. Le comique des situations grâce une technique bien rôdée de l’auteur pour les dialogues nous fait prendre de réels bons moments.

Vous l’aurez compris en lisant ces quelques lignes, l’attrait du roman passe par le travail sur les personnages. Et c’est un vrai plaisir que de suivre l’enquête dans la tête des différents personnages, du jeune un peu naïf, au chef d’entreprise paranoïaque, en passant par la fille un peu simple mais sincère.

Alors, malgré une couverture peu attrayante, ce roman m’a fait découvrir un auteur à l’écriture fluide et sans lourdeur. Un roman que je n’hésiterais pas à conseiller autour de moi. Un bon roman qui se laisse dévorer facilement.

Je remercie Libfly et les Editions Seuil.

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